Les documents concernant la Murette sont rares, Georges Fauchon dans son livre sur le Voironnais écrit que l'on peut admettre qu'il y eut deux fiefs ayant des rapports assez étroits avec le prieuré de Saint Pierre de Muretta. L'un portant sur le mandement de Réaumont, l'autre sur celui de Voiron. Nous avons déjà signifié que La Murette appartenait à deux mandements, et chacun des seigneurs du lieu pouvaient se dirent "Seigneur de la Murette". L'église reconstruite était à cheval sur les 2 mandements.

Nous avons déjà signalé qu'Aymar et Jean de Gumin furent respectivement prieur de Saint Martin de Muretta en 1475 et 1540.

La famille des de Gumin, fort ancienne, a figuré avec honneur dans les annales de la province du Dauphiné. Elle commence à paraître en 1292. Philippe de Buenc, veuve de noble Jacques de Gumin, rendit hommage avec d'autres nobles des environs de Bourgoin en 1334. Françoise de Gumin, de Sassenage, fille de Jean de Gumin, chevalier, épousa en 1405 Pierre de la Touvière, gentilhomme du Bugey. En 1146 le château de Hautefort près de Voiron à Saint Nicolas de Macherin était entre les mains d'Aymon de Clermont. Il fut attribué en 1537 à Sébastien de Gumin dit "Seigneur de Hautefort" Sébastien de Gumin était fils naturel d'Humbert de Gumin. Ce dernier n'ayant pas eu d'enfants légitimes, fit reconnaître et légitimer Sébastien de Gumin par lettres de l'an 1538 vérifiées en 1539.

De Sébastien de Gumin et Claire Raffonnier vinrent 3 branches:

Celle de Hautefort et de Romanesche qui possédait le mandement de Hautefort jouxtant celui de Tolvon près de Voiron. Une partie de la paroisse de Saint Nicolas de Macherin formait à elle seule le mandement de Hautefort. Parmi les célébrités de cette famille on peut citer Jean de Gumin seigneur de Romanèche qui fut l'un des valeureux compagnons de Bayard, Antoine de Gumin, seigneur de Romanèche qui était chevalier de l'ordre du roi en 1595 et Antouine de Gumin d'hautefort qui était conseiller au parlement en 1720.

Celle de Fontboulet.

Celle de la Murette dont le fils de Sébastien, Pierre de Gumin, apparaissait comme "Seigneur de la Murette" en 1579.

Cette famille va continuer à s'intituler "Seigneur de la Murette". Pierre de Gumin habite Saint Geoire en Valdaine et le 27 février 1642 il marie son fils Louis, dit "sieur d' Aignelaz" (peut être un rapport avec l' Agnelas), avec Louise Boffin. Dans l'acte de mariage conservé dans les registres paroissiaux de St Geoire, Pierre de Gumin se dit toujours "seigneur de la Murette".

Un autre de Gumin, Gaspard et qui habite Grenoble se dit "seigneur du fief et Maison Forte de l' Hostel ou Autel de la Murette". Nous n'avons pas pu établir qu'elle était cette maison forte et où elle se situait. Peut- être est-ce à la Zille ? Dans le parcellaire de 1690 nous retrouvons citée, cette maison forte.

Dans un chapitre du parcellaire de la Murette de 1690, nous lisons :
" La chapelle de Notre Dame de la Pitié de la Maison Forte de l'hostel, vigne au mas de Vernay Rond ou de Larinière jouxte la vigne de Pierre Ferrand du vent, vigne des hoirs de François et Adam Gillet au couchant, terre de Claude Monon de Bise et Levant contenant.....". La maison forte de l'Hostel possédait donc une chapelle qui appartenait donc au Gumin.

En 1675 nous lisons dans l'acte de décès de Françoise de Vachon fille de Gaspard de Vachon que Gaspard de Vachon était lieutenant au baillage de .....(non cité) seigneur de l'Autel de la Murette. Georges Cheyroux dans ses recherches sur la Murette, la situe la chapelle à la Couratière et nous dit qu'elle était entourée de vignes pour une surface de 28 modurières.

Enfin, dans l'acte de décès de François de Vachon le 26 novembre 1724 il est dit: "J'ay enterré dans la chapelle de la Pitié de l'église de la Murette Mr François de Vachon, conseiller au parlement âgé d'environ 60 ans et après avoir reçu les sacrements." Cette chapelle ne pourrait être en fait qu'un oratoire faisant partie de l'église du prieuré.

En 1710 lors d'un procès, comme nous le rapporte encore Georges Fauchon, un Joseph de Gumin se dit lui aussi "seigneur de la Murette".

A la même époque, une autre famille revendiquait aussi le titre de "Seigneur de La Murette" et concurrençait ainsi les de Gumin, il s' agit des De Fillon.

Vers 1490 Demoiselle Benoite de Fillon épousa Etienne de Grimaud seigneur de Béesgues. Un membre de cette famille qui paraît originaire de Torchefelon était châtelain delphinal de Cessieu en 1507. Un Etienne de Fillon, jurisconsulte de renom et savant helléniste, vivait à Vienne en 1555.

En 1612 Pierre de Fillon est conseiller au parlement de Dauphiné et se dit "seigneur de la Murette et de Torchefelon". Il était le fils d'un certain Claude de Fillon qui était receveur général du marquisat de Saluces dans la région de Coni en Italie, quand Henri IV échangea ce marquisat en 1601 contre le Bugey et la Bresse. On ne peut s'empêcher de remarquer que la région de Coni est voisine d'Oulx dont dépendait le prieuré de Saint Martin de Muretta. Pierre de Fillon avait un frère qui forma la branche de Torchefelon. Pierre de Fillon figure comme parent, le 13 avril 1612, au contrat de mariage de noble Philibert de Dortans avec Claudine de Virieu-Ponterray, de même que François de Virieu, seigneur de Pupetières, Henri de Torchefelon et Guillaume de la Balme.

Pierre de Fillion avait acquis la terre de Torchefelon et épousa Huguette ou Guyenne-Bonne de la Porte, dame de Sillans, a laquelle il avait laissé ses biens à sa mort. Ledit "seigneur de la Murette" était donc une femme qui légua sa seigneurie par testament en date du 16 février 1643 à sa fille Antoinette. Antoinette prit le voile chez les dames Bernardines de la Côte Saint André. Les Bernardines étaient des religieuses de Clairvaux de l'ordre de Cîteaux, fondé au 12ème siècle par Saint Bernard. Une congrégation de Bernardines réformées, fondée avec le concours de Saint François de Salles, s'établit à Grenoble en 1624 et essaima dans la province. Ces religieuses désiraient ainsi créer une nouvelle maison pour leur ordre à Voiron. Antoinette de Fillon décida de vendre la seigneurie et la Maison Forte de la Murette avec tout le mobilier qu'elle contenait et les dépendances pour se procurer une partie de l'argent nécessaire à cette réalisation. Le seigneur Abbé de Cîteaux autorisa cette vente en 1661. L'acquéreur de ces biens fut François de Vachon, membre d' une famille de Saint Etienne de Crossey et seigneur de l'Autel de la Murette, conseiller au parlement. La maison que la Dame de la Murette permit d'édifier sera réalisée à Voiron rue Saint Vincent à l'emplacement actuel du couvent des Oiseaux. Les de Vachon de par cet achat vont devenir seigneurs de la Murette et furent les derniers à porter ce titre.

Antoinette de Fillon avait plusieurs frères ou soeur:
1 -Gaspard, seigneur de Sillans, conseiller au parlement en 1618.
2 -Melchior le plus célèbre, écuyer seigneur d'Aiguebelle et de Quisonnas qui fut juge royal puis procureur général au parlement de Grenoble en 1594. Célèbre jurisconslte et avocat distingué, son nom est accompagné dans plusieurs ouvrages du surnom de "Fons Légum".
3 -Claudine, marié à Adrien de La Place conseiller au parlement.
4 -D'autres filles ? religieuses au même monastère qu' Antoinette.
5- Marie de Fillon femme de Noble Louis de Vachon, qui apporta à son mari les propriétés que cette famille a possédées à Torchefelon jusqu'à l'époque de la Révolution.

Nous reparlerons des "de Vachon" seigneur de la Murette.